Bruno de Maistre, au service de l’art, de la foi et de l’Église
Ébeniste, fondateur des Ateliers d’Arimathie, Bruno de Maistre est l’auteur de plusieurs créations pour des églises et des chapelles. Dernièrement il a présenté le mobilier de la chapelle Sainte-Clotilde (église Sainte-Jeanne-d’Arc) à Versailles. Il avait reçu le prix Pèlerin du Patrimoine en 2016.
À l’automne 2020, Bruno de Maistre travaille sur une dizaine de projets pour des églises. Et si son atelier est situé dans les Yvelines, ses créations sont envoyées dans toute la France : à Lyon, Grenoble ou encore dans la région parisienne. À Versailles, il vient d’installer le mobilier liturgique de la nouvelle chapelle Sainte-Clotilde dans la crypte de l’église Sainte-Jeanne-d’Arc.
Vue de la nouvelle chapelle Sainte-Clothilde à Versailles. (CDC)
« Le processus de création prend entre 6 mois et deux ans, indique l’ébéniste, cela dépend des projets. » Entre la première demande d’une paroisse et la consécration d’un autel, il se passe donc plusieurs mois de réflexion et de création, où l’artiste-artisan se met au service de son client. « J’appelle ça de l’architecture liturgique, ou de l’architecture d’intérieur pour l’Église. Il y a un vrai travail avec le prêtre et les équipes paroissiales. Il faut sentir, écouter les lieux… »
D’une problématique dans une église (« on circule mal dans le chœur ») Bruno de Maistre commence par aider la paroisse à dégager le fil conducteur du projet (comment unifier l’espace ou mieux identifier les lieux…). Au fil des semaines, le dialogue se poursuit avec ses interlocuteurs pour leur proposer une « piste créative. On discute beaucoup, mon travail est collaboratif. »
L’ancien publicitaire, reconverti dans l’artisanat d’art, met à profit ses compétences et ses études (diplômé de l’École Boulle, il est aussi titulaire d’une licence en art sacré). « Souvent il y a un manque, les paroisses ont les artisans mais pas le créatif pour avoir une vision plus artistique. » L’homme de foi sait aussi que réaliser un autel ou un ambon pour une église n’est pas tout à fait la même chose qu’une table ou une bibliothèque.
Dans l’atelier de Bruno de Maistre
"Mon client c'est Dieu!"
Après la réflexion, vient le façonnage. Le projet prend forme dans l’atelier de Bruno de Maistre. Là encore, il pense à son client, qui décidément, n’est pas tout à fait un client ordinaire. « Quand je dessine un autel, je ne travaille pas pour le prêtre ni même les paroissiens, mon client… c’est Dieu ! Avec Lui je ne peux pas me cacher, dire que j’ai la flemme ou que ce petit détail, personne le verra… Il le verra. » En réalisant le mobilier liturgique d’une église ou d’une chapelle, Bruno de Maistre pense aussi à faire de l’évangélisation. « Je voudrais qu’en voyant mon travail, une personne éloignée de l’Église ou qui a besoin d’une étincelle, dise « Me voici Seigneur ». »
Taille du décor du nouvel autel de Notre-Dame de Boulogne. (Crédit Bruno de Maistre)
Ébéniste, Bruno de Maistre travaille évidemment le bois. La matière devient précieuse sous ses doigts et se transforme pour sublimer les lieux où ses créations sont installées. Des évangélistes sculptés dans du chêne, des rayons de parquet en acajou qui rayonnent vers l’autel, des courbes qui évoquent le feu dans une parole du pape Jean-Paul-II… pour le créateur, le bois s’adapte à son inspiration pour chaque projet. Mais l’artiste ne veut pas s’enfermer dans une routine « Mon matériau de prédilection ? C’est celui qui me permet d’apprendre toujours de nouvelles choses ! » Bruno de Maitre n’hésite donc pas à travailler de nouvelles matières et marie ses compétences avec celles d’autres artistes, par exemple pour un projet de création à Grenoble. « Je travaille avec la sculptrice Fleur Nabert. »
Le Prix Pèlerin, une carte de visite
La première commande était un ambon pour sa paroisse. « À l’époque, ma femme et moi étions foyer d’accueil[un couple et ses enfants habitent dans un presbytère pour une mission bénévole] dans le diocèse de Nanterre, raconte Bruno de Maistre. Le curé m’a demandé de lui dessiner un ambon. » Une première commande qui lui vaut l’appel d’un autre prêtre, pour un projet plus grand. En 2016, il remporte le Prix Pèlerin de la création contemporaine pour les Chantiers du Cardinal. Il avait réalisé le mobilier de l’oratoire du centre Jean-Paul-II à Colombes (Diocèse de Nanterre). « Ce Prix Pèlerin, cela donne une sacré carte de visite ! reconnaît-il. Aujourd’hui, mon nom est sur la liste des créateurs qu’on recommande pour les projets. »
Autel, ambon et tabernacle réalisés par Bruno de Maistre pour le centre Jean-Paul-II à Colombes. Prix Pèlerin 2016.
Le travail de Bruno de Maistre est toujours lié aux Chantiers du Cardinal. En 2019, il est sollicité pour la rénovation du chœur de Notre-Dame-de-Boulogne à Boulogne-Billancourt. L’année suivante, un autre projet s’achève : la chapelle Sainte-Clotilde, dans la crypte de l’église Sainte-Jeanne-d’Arc de Versailles. Là encore, Bruno de Maistre est présent lors de la consécration, c’est l’occasion pour lui d’expliquer son travail aux paroissiens. « Mais le moment le plus émouvant pour moi, c’est avant, explique-t-il, quand on vient installer le mobilier sur place. On réalise que les choix qu’on a fait, l’énergie déployée durant des mois, correspond à ce qu’on voit. » Alors, l’artiste pose un moment ses outils et s’assoit. « Je goûte le moment.»
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22.05.2019Article
« Le chœur ouvrira ses bras pour nous accueillir, toutes les lignes convergeant vers l’autel situé au centre »