Ensemble, préservons le patrimoine religieux

Cloches et clochers d’églises

Parfois, les clochers sont… vides ! Nous participons au financement de travaux pour installer des clochers. Chacune d’entre elles est unique et porte un prénom. Les connaître, c’est aussi découvrir deux métiers de passionnés : celui de fondeur et de campanologue.

 

Chiffres clés

1232 année de la plus ancienne cloche de France
100 000 cloches fondues à la Révolution
1000 cloches environ à Paris en 2017

Donner de la visibilité à des églises cachées

Installation cloches

Installation de cloches dans le campanile de l’église Notre-Dame-de-L’Assomption-des-Buttes-Chaumont à Paris 19e en 2017.

« Un village sans église, c’est un corps sans âme. Mais, une église sans clocher, c’est une belle âme qui serait muette. » Maurice Barrès

Trois cloches ont pris place dans le clocher de l’église Notre-Dame-de-l’Assomption-des-Buttes-Chaumont, rue de Meaux dans le 19e arrondissement. Marie, 85 kg, Gabrielle, 53 kg, et Georges, 43 kg, ont été placées dans le beffroi, la structure métallique qui soutient l’ensemble. Elles offriront une combinaison de trois notes : sol, la et si pour la plus légère…
Elles doivent leur prénom à Notre-Dame, à l’archange Gabriel et aux paroissiens de Saint-Georges-de-la-Vilette (Paris 19e) qui financèrent la construction de l’église des Buttes-Chaumont. Financées par les Chantiers du Cardinal, elles habitent un clocher vide depuis la construction de l’église en 1960 par l’architecte Denis Honneger.

Trois autres cloches ont été posées à Notre-Dame-des-Foyers, rue de Tanger à Paris 19e. Il s’agissait, là aussi, de signifier la présence d’une église enserrée entre des immeubles et donc peu visible. Claudine, Madeleine et Agnès, prénoms des trois bénévoles de la paroisse ont sonné pour la première fois le 22 mars 2016.

1 000 cloches à Paris

D’après la société française de campanologie, on compte environ 1 000 cloches à Paris pour la plupart cultuelles. Leur doyenne sonne à Saint-Merry dans le 4e arrondissement. Elle est datée de 1331. À Saint-Séverin, dans le 5e arrondissement, se trouve Macée, la jumelle de Jeanne d’Arc. Elle est née comme la sainte en 1412.
Dans une société de plus en plus sécularisée, les cloches continuent de rythmer la vie et les temps liturgiques. Toutefois, dans les grandes villes il est demandé de respecter la tranquillité publique. La liberté d’exercer le culte, inscrite dans la loi de Séparation des Églises et de l’État a des limites ! C’est au maire de fixer les règles…

Dans les grandes villes, la sonnerie est devenue rare au petit matin. L’angélus, traditionnellement à 7 heures, sonne à 9 heures et les trois cloches de l’église Notre-Dame-de-l’Assomption-des-Buttes-Chaumont se contentent de sonner la messe dominicale. Les autres heures sont données par une horloge placée également dans le campanile.

L’origine des cloches racontée par un campanologue

La cloche serait originaire de Chine sous la dynastie des Shang (1600 à 1100 avant J.C.) selon Lionel Ollivon, auteur de Cloches et clochers des Yvelines. En France, les premières cloches auraient sonnées dans les monastères et leur véritable fonction de signal (signum en latin) apparaît dans la Règle de saint Benoît en 529. Leur usage se généralisera ensuite dans toute l’Europe.
« La plus ancienne cloche de France est datée de 1232 et se trouve à Sidailles, dans le Cher », raconte Régis Singer, campanologue. « Avant la Révolution, on dénombrait plusieurs cloches par village. Mais en 1790, l’Assemblée constituante a voté une motion notifiant que seule la plus grosse devait subsister dans le beffroi. Elle avait pour fonction d’indiquer l’heure. Les 100 000 autres cloches ont été fondues pour battre monnaie ou fabriquer des canons ! »

Le métier de campanologue ne se limite pas à l’inventaire du patrimoine campanaire. Conseiller de l’archevêché, il a entre autres réglé les sonneries des églises construites au XXe siècle comme Notre-Dame-de-la-sagesse à Paris dans le 13e arrondissement ou Saint-François-de-Molitor dans le 16e arrondissement conçue par l’architecte Jean-Marie Dutilleul.

Installation de cloches dans le campanile de l’église Notre-Dame-des-Foyers à Paris 19e.

Installation de cloches dans le campanile de l’église Notre-Dame-des-Foyers à Paris 19e.

Trois fonderies de cloches en France

Il n’y a plus que trois fonderies de cloches en France : Bollée près d’Orléans, Paccard à Sevrier (près d’Annecy) et Cornille-Havard à Villedieu-les-Poêles (près du Mont-Saint-Michel). Cette dernière a récemment assuré la restauration du bourdon Emmanuel de la cathédrale Notre-Dame de Paris. La société Paccard, a installé les cloches de l’église Notre-Dame-de-L’Assomption-des-Buttes-Chaumont en les couplant avec une horloge.
Les fondeurs sont qualifiés de « maître santier ». Cette dénomination vient du vieux français « seing » qui s’est transformé en « saint » et signifie « la frappe » en référence au roi qui marquait de son seing (sceau).

L’Église a besoin de signes

Si les clochers, installés récemment à Paris et en banlieue parisienne, ne font plus comme la flèche de la cathédrale de Rouen 148 mètres de hauteur, ils sont toujours là pour :  Chanter la joie des vivants […], pleurer avec ceux qui pleurent […] », comme l’écrivait en 1934, le père Touzé dans la revue n°11 des Chantiers du Cardinal (intitulée à l’époque « Le Christ dans la banlieue »).

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