Ensemble, préservons le patrimoine religieux

Notre Dame de l’Espérance à Ivry-sur-Seine rénovée et embellie

Maçonnerie, peinture, électricité et ébénisterie : voici les divers corps de métiers qui ont œuvré à la remise en état et en beauté de l’église et de son mobilier liturgique. La messe de dédicace a réuni une foule joyeuse et priante autour de Mgr Dominique Blanchet, l’évêque du diocèse de Créteil.

La messe de dédicace

Mgr Dominique Blanchet, évêque de Créteil, à l’ambon

« …Accorde à ton peuple ici rassemblé ainsi qu’à tous nos frères de venir y célébrer tes mystères…», prononce solennellement Mgr Dominique Blanchet, l’évêque du diocèse de Créteil, venu dédicacer le 3 mars cette église d’Ivry-sur-Seine (94), merveilleusement rénovée avec l’appui financier déterminant des Chantiers du Cardinal.

L’évangile de ce 3e dimanche de Carême a pris une résonance particulière en ce jour de dédicace, chanté avec inspiration par Jérôme, un diacre de la Mission de France. Dans ce passage dit des marchands du Temple (Jean 2, 13-25), il est écrit : « Jésus leur répondit : « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai. » Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce Temple, et toi, en trois jours tu le relèverais ! » Mais le Temple dont il parlait, c’était son corps. »
A Ivry, il n’aura fallu ni trois jours ni quarante-six ans, mais dix-huit mois pour « que le projet de rénovation de notre église mûrit entre les paroissiens, l’équipe d’animation pastorale, l’architecte et l’art sacré du diocèse de Créteil soit achevé », déclare le père Pierrick Lemaître, le curé de Notre-Dame de l’Espérance, lui aussi de la Mission de France.

Quelle était la nature de ces travaux ?

Écoutons l’architecte Wandrille Thieulin (assisté d’Ali Ghadeer), de l’agence Lacoste & Thieulin, détailler les différentes étapes de maçonnerie (par l’entreprise GDR), d’électricité (Priene), de peinture (Cube) et d’ébénisterie (CTM) pour la restauration intérieure et la création du mobilier religieux dans cette église. « D’abord, il a fallu construire un podium parfaitement circulaire recevant l’autel en son centre comme en miroir de la croix. Surélever la croix qui était posée au sol (1) et l’élever dans le ciel de la coupole, repeint en bleu. Dessiner un autel, un ambon et les sièges de présidence en s’inspirant de l’œuvre d’André Gence par de multiples reliefs en bois blanc sur blanc. Rehausser de doré l’autel et l’ambon pour qu’ils se détachent du fond du chœur. Fermer l’escalier d’accès à la crypte situé à gauche du chœur qui était masqué par une cloison disgracieuse. Débarrasser l’église de son sas, des confessionnaux en bois foncé et de la multiplicité des affichages pour faire respirer le volume. Déplacer le tabernacle qui était profondément posé dans une absidiole du fond de chœur et l’encastrer dans l’axe du bas-côté pour former un espace d’adoration à son pied. Remettre en valeur le jeu des arcades sous la tribune et la couleur des vitraux par l’utilisation du blanc pur sur les murs et les voûtes. Rénover l’éclairage pour intensifier la clarté joyeuse des formes blanches.»

Qu’est-ce qu’une dédicace d’église ?

C’est l’acte solennel par lequel un édifice est voué définitivement au culte. Elle est célébrée par l’Église locale d’Ivry rassemblée dans la diversité de ses membres autour de son évêque qui prononce la prière de dédicace avant de procéder à l’onction du saint chrême (huile consacrée par l’évêque à la messe chrismale et qui sert à oindre les nouveaux baptisés, les mains des prêtres et la tête des évêques à leur ordination, à signer les confirmands) sur l’autel et les murs de l’église.

Le rite proprement dit commence par le chant de la litanie des Saints, suivi de la déposition des reliques des martyrs ou d’autres saints. La grande prière de la dédicace, prononcée par Mgr Dominique Blanchet les mains étendues, développe avec ampleur la théologie du mystère de l’Église dont l’église-bâtiment est le signe. L’évêque procède ensuite aux rites symboliques en commençant par la consécration de l’autel avec l’onction du saint chrême. Il répand d’abord l’huile sainte en son milieu puis aux quatre angles, puis sur toute la surface de la table. L’onction est ensuite étendue sur les douze croix de consécration fixées aux parois de l’église, rappelant ainsi le verset du livre de l’Apocalypse évoquant l’Église du Christ fondée sur les « douze apôtres de l’Agneau inscrits sur les murs de la cité sainte ». L’église est ainsi consacrée tout entière au culte chrétien.

L’illumination de l’église

Marie-Pierre Etienney, responsable grands travaux de l’évêché de Créteil et Michelle Roblot, accompagnées d’Alice Fabre et Jean-Pierre Gaspard de la direction des Chantiers du Cardinal

Durant les travaux, la messe a été célébrée dans le gymnase de l’école privée Notre Dame de l’Espérance attenante. Après ces quatre mois d’exil forcé, les retrouvailles avec l’église ont été chaleureuses. D’après le père Pierrick Lemaître, certains paroissiens ont eu un peu de nostalgie devant les séances conviviales du samedi soir pour transformer le gymnase en église de secours car cela faisait venir des voisins non paroissiens. Enfin, le curé a tenu à remercier « Héléna, Claudine et Roseline qui ont donné beaucoup de leur temps pour le nettoyage, ainsi qu’au 25 personnes venues la semaine dernière nettoyer et remettre les bancs en place ».

Cette dédicace aura offert une parenthèse très joyeuse au milieu du Carême. Et éclatante, surtout lorsque tous les luminaires sont allumés une fois terminé l’encensement et l’habillage de l’autel par les servants.

Pendant l’illumination de l’église, l’assemblée éblouie a fait résonner le cantique suivant : « Levons les yeux, voici la vraie lumière, Voici le Christ qui nous donne la paix ! Ouvrons nos cœurs à sa miséricorde, Notre Sauveur est au milieu de nous ! »

 

Jean de Préval

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L’histoire de l’église Notre-Dame de l’Espérance

Dans son mot d’accueil, le Père Pierrick Lemaître, son curé, a résumé la genèse de ce lieu de culte. En 1911, grâce à la générosité de Marie Roland-Gosselin, une chapelle modeste avait été construite rue Paul Bert, au Petit Ivry, au milieu de la « zone » comme l’on disait à l’époque. C’était une population qui vivait dans la misère, des masures, des roulottes d’où sortent beaucoup d’enfants désœuvrés. Cette chapelle avait été placée sous le vocable de Notre Dame de l’Espérance. Le 7 mai 1911, le futur évêque de Versailles, Mgr Roland-Gosselin, pose la première pierre d’une petite chapelle. Un pionnier, l’abbé Garin, fonde un patronage qui va lui permettre par les activités auprès des enfants, de rencontrer toutes ces familles qui vivent dans la misère. Le 19 juin 1927, la petite chapelle est érigée en église paroissiale et le Père Fages nommé curé. Sous son impulsion dynamique la chapelle se transforme, un clocher s’élève, des bas-côtés agrandissent l’édifice. Il bâtit un presbytère et une école attenante à l’église. En 1931, le cardinal Verdier, grand constructeur, inaugure et, pour la première fois, parle de ses chantiers. Il bénit l’église. Elle n’a pas été dédicacée. Sur ce territoire du petit Ivry, la communauté chrétienne va se développer et, au gré des changements de la société et de l’Église, poursuivre sa mission de rassembler les chrétiens et d’annoncer l’Evangile jusqu’à nous aujourd’hui, sur ce doyenné d’Ivry-sur-Seine.

(1) La croix d’André Gence

Dans les années 1980, l’architecte Wandrille Thieulin a rencontré le père André Gence et s’est passionné pour ses oeuvres de peintre non figuratif qu’il a pu étudier à l’église St Germain-des-Près, à Paris, ou à l’église de St-Menoux, dans l’Allier : « à chaque fois, je retrouvais des découpages blanc sur blanc, en léger relief, quelquefois réhaussés de doré. Ils ornaient le mobilier liturgique en évoquant les symboles chrétiens du poisson, de la colombe ou de l’agneau ».

Quand, au printemps 2022, Marie-Pierre Etienney, la responsable de l’immobilier diocésain, lui a fait découvrir Notre-Dame de l’Espérance, Wandrille Thieulin, dès l’entrée de l’église, a immédiatement reconnu dans la croix monumentale disposée en fond du choeur l’oeuvre de ce prêtre de la Mission de France, originaire de Marseille, né en 1918 et mort en 2009. « Les quatre branches de la croix découpées en faisceaux se rejoignent sur une série de cercles qui répondent aux arcatures du cul de four et aux arcs en plein cintre du choeur et de la nef. Cette croix, les formes circulaires, la clarté des églises italiennes, nous ont guidés dans la restauration intérieure de l’église et la création du mobilier religieux », résume l’architecte reconnaissant envers le curé, la communauté paroissiale, Mme Roblot, l’architecte qui l’avait précédé, pour leurs disponibilités durant tout ce chantier.

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