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Collection Robert Barriot : 500 pièces à sauvegarder

Un trésor dort dans 60 m3 de caisses en bois. En avril 2020, une exposition dans la crypte de l’église Sainte-Odile à Paris 17e devrait présenter les œuvres monumentales du céramiste et peintre Robert Barriot.

Des oeuvres d'art sacré émouvantes et monumentales

Trois œuvres de Robert Barriot : christ aux 2 larrons 1939, Monseigneur Loutil en cuivre repoussé et saint Jean,1952.

Longtemps, les œuvres de l’émailliste Robert Barriot (1898-1970) sont restées cachées dans les citernes d’une bergerie près de Vence. Ces quelque 500 pièces, composent une collection complète préservée dans son intégralité par ses enfants, « 60 m3 ! », précise son fils Frédéric. « Certaines d’entre elles font plus de trois mètres de haut », poursuit-il. Elles sont maintenant hébergées dans des dizaines de caisses en bois  entreposées dans une dépendance d’un domaine varois.

Le prix Pèlerin "Mémoire vive"

Un projet de catalogue numérique, lancé par l’Association de promotion de l’œuvre de Robert Barriot présidée par l’amiral Jacques Lanxade, a remporté le Prix Pèlerin mémoire vive 2019. L’ambition de l’association est de trouver un lieu dédié à Robert Barriot et ouvert au grand public. En attendant une installation pérenne, une exposition devrait être organisée dans la crypte de l’église Sainte-Odile à Paris 17e. Elle se déroulerait du 15 avril au 1er juin 2020.

La danse macabre, œuvre émaillée de Robert Barriot de 6 mètres de large sur 1 mètre de haut.

Cette exposition présenterait de grandes pièces de la collection d’émaux : Le Christ aux larrons, Saint Jean… et bien sûr son œuvre majeure « La danse macabre » créée entre 1942 et 1945 dans la grande tradition des œuvres macabres du Moyen-Âge. Large de 6 mètres sur 1 mètre de haut, cette pièce émaillée est tout à fait étonnante car on y voit en particulier représentés le marché noir et un soldat allemand avec en arrière plan un homme gazé. Selon Frédéric, le fils de Robert Barriot, cette figure rappelle que certains connaissaient déjà l’existence des chambres à gaz.

Une exposition pour partager des souvenirs et des intuitions

Robert Barriot et sa famille ont été hébergés pendant 15 ans dans l’auditorium situé au-dessus du porche de l’église.

« Des liens extrêmement fort unissaient mon père au curé de l’église Sainte-Odile, Mgr Edmond Loutil, dit Pierre Lermite », poursuit l’héritier. Celui-ci avait accueilli l’artiste dans l’auditorium au-dessus du porche pour y vivre avec son épouse et ses quatre enfants. Un contrat avait été passé entre le curé et le céramiste afin que ce dernier puisse travailler à pied d’œuvre, comme le faisaient les artisans du Moyen-Âge. Il a ainsi réalisé dans le four installé dans la crypte la plus grande pièce en émail au monde : le retable du chœur. Ils y ont vécu pendant 15 ans. Pour l’exposition, une reconstitution du four (3 mètres de long) est envisagée.

« Mon père m’a raconté nombre des conversations qu’il avait eues avec Mgr Loutil. Il souhaitait faire partager dans l’église les émotions ressenties quand il se rendait au mont Sainte-Odile. » Le curé avait imaginé pour cela un véritable scénario d’éclairage du retable et des façades intérieures, projet qu’il n’a pu mener à bien. « Son souhait, poursuit Frédéric Barriot qui est lui-même allé comprendre cette intention en Alsace, était de retranscrire la lumière qui filtrait entre les aiguilles des mélèzes. Leur fût est rappelé par les colonnes du chœur de l’église en granit noir. Entre ces colonnes, Mgr Loutil avait voulu pour le retable des couleurs pourpre et or, symbolisant un chemin de lumière pour l’aveugle qui marche vers la foi ».

Beaucoup d’ambitions donc pour mettre en valeur l’artiste qui, souligne Marie-Sophie de Barbentane, secrétaire général de l’association de promotion de l’œuvre de Robert Barriot, « était émailliste, mais pas que…, c’était également un peintre réputé, proche de Fernand Léger ou de Modigliani ».

 

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