Ensemble, préservons le patrimoine religieux

Le Prix Pèlerin 2021 décerné aux vitraux de l’église Saint-Joseph des Tarterêts

Les nouveaux vitraux de l’église Saint-Joseph des Tarterêts remportent le Prix Pèlerin du patrimoine 2021, remis le 15 septembre par les Chantiers du Cardinal. La paroisse de Corbeil-Essonnes a choisi l’artiste Pierre Mabille pour donner de la couleur à l’édifice. Dans des tons jaune, orange, rose et rouge, celui-ci propose une série de baies non figuratives. Un travail mené en étroite collaboration avec l’association des Bâtisseurs de Saint-Joseph, chargée depuis 1995 de l’entretien de l’église.

Saint-Joseph des Tarterêts, lauréat du Prix Pèlerin

« Lors de ta visite à Corbeil-Essonnes, ne manque pas de voir l’église Saint-Joseph des Tarterêts pour admirer les vitraux de Pierre Mabille ! » Voilà le conseil que donnera Désiré-Pierre Dovonou aux amis qui passeront dans cette commune de l’Essonne (91). Il souhaite en effet que celle-ci s’inscrive dans le patrimoine architectural local et même régional, grâce à des vitraux contemporains installés au premier semestre 2022. C’est d’ailleurs cette réalisation qui vaut à cette paroisse le Prix Pèlerin du Patrimoine, catégorie « création et rénovation d’église en Île-de-France ». Depuis 30 ans, le magazine Pèlerin organise le Prix du Patrimoine. Les Chantiers du Cardinal sont associés à cet évènement, en remettant un Prix lié à la création artistique liturgique contemporaine ou la préservation du patrimoine religieux du XXe siècle.

Remise du Prix Pèlerin du Patrimoine par les Chantiers du Cardinal au projet de vitraux de l’église Saint-Joseph des Tarterêts. Au centre Désiré-Pierre Dovonou reçoit le prix remis par Marion Rossi des Chantiers du Cardinal. (Photos Le Pèlerin)

[VOIR] Le Prix Pèlerin du Patrimoine et les Chantiers du Cardinal

L’église Saint-Joseph, bâtie en 1995 au cœur du quartier populaire des Tarterêts, fait l’objet d’un chantier de rénovation qui va au-delà du ravalement des murs ou des questions techniques (chauffage, remplacement des portes…) L’association des Bâtisseurs, chargée de l’entretien de l’église depuis sa construction, veut remplacer les pavés de verre blanc du chœur par une série de vitraux colorés. Un choix qui a touché l’artiste Pierre Mabille. « C’est enthousiasmant de commencer les travaux de rénovation par le vitrail – une chose pas essentielle – donc commencer par ajouter du beau ! »

Ateliers Duchemin. Pierre Mabille (au centre). David Morgant (g). Désiré-Pierre Dovonou (d), président de l’association. Marie Rousevoal des Ateliers. (Photos Laurent Hazgui pour Le Pèlerin)

Donner de la couleur à l'église

La commande des Bâtisseurs est claire : réaliser huit panneaux installés de chaque côté de l’autel dans le chœur. De un à trois mètres de hauteur pour 60 cm de large seulement, chacune des baies doit « approfondir et magnifier l’architecture générale de l’église » indique le dossier de présentation. Le projet devait aussi allier les dimensions artistiques, pastorales et sociales. Et si les membres de l’association Bâtisseurs sont tous des paroissiens bénévoles, ils n’en sont pas moins un jury exigeant et expérimenté. Une communauté soudée qui s’est largement impliquée dans ce projet durant plusieurs mois. « Nous avons visités des ateliers de réalisation de vitraux à Chartres, précise Désiré-Pierre Dovonou. Mais également plusieurs églises en région parisienne. » Au fil des mois, chacun a pu exercer son œil, dialoguer avec les autres sur le ressenti face aux vitraux découverts. Les jurés ont été accompagnés par deux spécialistes en art contemporain.

L’église des Tarterêts, bâtie en 1995, est lumineuse mais les baies du chœur sont dépourvues de vitraux de couleur. (Crédit paroisse)

Pierre Mabille, comme d’autres artistes et membres des ateliers de vitraux, a été auditionné par les sept membres du bureau pour présenter son projet. L’occasion d’un dialogue fructueux entre les uns et les autres. « Une personne m’a demandé des vitraux très colorés ; une autre s’interrogeait sur la venue d’un peintre de Paris aux Tarterêts » se souvient Pierre Mabille qui, à son tour, a fini par questionner le jury… qu’attendait-il de son travail ? «  Son expression nous a beaucoup touché, indique Désiré-Pierre Dovonou. Nous l’avons choisi pour la qualité de ses œuvres, en plus il vit en banlieue comme nous, il connaît, il sait ce qu’il nous faut ! » Le peintre a été invité à présenter son projet à la communauté paroissiale à la fin d’une messe afin que tous s’approprie ce chantier qui touchera dans quelques mois leur église.

Proposition imaginée par Pierre Mabille pour l'église des Tarterêts (Crédit paroisse)

Proposition imaginée par Pierre Mabille pour l’église des Tarterêts (Crédit paroisse)

Pour cette église, Pierre Mabille, fait trois propositions. « La couleur est le sujet de mon travail. Le jury a retenu celui à dominante rouge/jaune/orange/rose. On joue entre les contrastes. » Les plaques de verre soufflé sont conservées les plus larges possibles, elles seront serties par du plomb qui forme le dessin. Un motif unique orne les baies, une sorte de mandorle qui se décline sur les verres. Chaque baie se regarde individuellement mais elles sont aussi reliées entre elles par la couleur. Le rouge presque pourpre près du chœur laisse peu à peu place au jaune-orangé à l’extérieur. Le travail du verre sera réalisé par Marie Rousvoal, maître-verrier des Ateliers Duchemin à Paris.

"Parler avec Dieu devant les vitraux"

Le travail de Pierre Mabille n’étant pas figuratif, il laisse donc chacun libre de son interprétation. La couleur restant le support méditatif pour les yeux. Philwida, 21 ans, jeune membre de l’association et responsable des servants d’autel dans la paroisse, a particulièrement aimé cet aspect. « Regarder les vitraux me donne encore plus envie de parler avec Dieu. » David Morgant, membre du bureau également confirme : « Prier devant des carreaux de verre ou devant une œuvre d’art cela peut changer pas mal de choses ! » Philwida pense aussi aux personnes qui entrent dans l’église sans avoir la foi.  « Grâce au jeu de couleurs, de haut en bas, on peut s’imaginer beaucoup de choses, même si on n’est pas croyant. »

[VOIR] Les projets soutenus par les Chantiers du Cardinal dans le diocèse d’Evry-Corbeil-Essonnes

C’est aussi l’enjeu pour l’équipe paroissiale : faire venir du monde dans cette église de quartier. Pour que tous puissent admirer l’œuvre d’art et se laisser toucher par la vibration de la lumière. «Cette église appartient à toute la communauté des Tarterêt, iniste Désiré-Pierre Dovonou. Même les musulmans nous rendent visite.»  Car l’église, même modeste, reste un lieu repère dans ce secteur de la ville. « Saint-Joseph est reconnu comme un endroit d’échanges, de rencontres » note David Morgant. « Pour le 25e anniversaire de l’église, l’imam et le président de la mosquée étaient d’ailleurs présents. L’imam a parlé des vitraux aux fidèles musulmans. » Des liens ont également été noués avec les écoles du quartier pour faire découvrir les vitraux aux élèves, dans le cadre de projets éducatifs portés par des professeurs d’éducation artistique.

Dans quelques mois, Pierre Mabille verra son travail se réaliser au sein des Ateliers Duchemin. Une fois les verres soufflés, découpés et montés, il faudra encore quelques mois pour les installer minutieusement dans l’église Saint-Joseph. D’ici là, Désiré-Pierre Dovonou aura sans doute eu le temps de présenter ce projet à un grand nombre de personnes. Et les convaincre de venir découvrir le petit trésor de lumière niché au cœur de son église des Tarterêts.

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