Didactique et pédagogique
Sous les combles du 3e étage, deux salles à la visée pédagogique détaillent les différentes techniques de création et d’exécution d’un vitrail ainsi que l’histoire de l’art verrier. Les archives départementales ont la chance de conserver l’appel d’offre très documenté des vitraux de la cathédrale de Sens par les chanoines au XVIe siècle. Le marché passé entre les commanditaires et les maîtres-verriers de l’époque reprend toutes les étapes encore d’actualité à ce jour, de l’achat du plomb et du verre à la pose dans les feuillures d’un édifice. L’exposition d’autres vitraux de différentes époques complète la présentation de cette ressource documentaire particulièrement explicite.
La galerie des vitraux. Photo Arielle de Sainte Marie
La reproduction en réduction d’un étonnant visage du Christ choisi pour la chapelle Sainte-Catherine de la cathédrale de Strasbourg est un exemple des nouvelles techniques utilisées par les artistes. Ce vitrail est inspiré d’une peinture d’Hans Memling et constitué de centaines de visages anonymes photographiés par Véronique Ellena. Réalisé par le maître-verrier Pierre-Alain Parot, il fait appel à une technique innovante d’impression numérique d’émaux sur verre. Plus loin, d’autres approches sont abordées témoignant de la vigueur de cet art millénaire de peindre avec la lumière.
Dans la deuxième salle, un panorama historique illustré par de nombreuses pièces, rappelle que le Moyen-Âge gothique, la Renaissance et le XIXe siècle sont trois périodes clés. Le XXe et le XXIe siècle ont quant à eux donné lieu à un renouveau et une ouverture à la modernité. « On a souvent tendance, souligne Anne-Claire Garbe, à limiter le vitrail à l’assemblage de morceaux de verre coloré à l’aide de plomb. Pourtant, il est défini comme une cloison lumineuse qui tire son effet de la translucidité de son matériau quel que soit sa mise en œuvre ».
Fragments de verre coloré du 4e siècle découverts lors de fouilles archéologiques sous l’abbatiale Saint-Martin de Tours. Photo Arielle de Sainte Marie
Des fouilles archéologiques sous l’abbatiale Saint-Martin de Tours, ont permis de mettre à jour des morceaux de vitraux du IVe siècle. « Dès cette époque, des fragments de verre coloré aux formes andromorphes sont enchâssées dans du plomb ». Le véritable épanouissement de cet art religieux se situe au XIIe siècle avec la double pensée théologique, d’une part de l’abbé Suger prônant que rien n’était assez beau pour magnifier le divin et, d’autre part, celle cistercienne de Bernard de Clairvaux qui précisait que rien ne devait détourner les moines de la prière. L’un comme l’autre insistait sur le rôle de la lumière, signe de la présence de Dieu. Le premier, commanditaire de la restauration du chœur de la basilique Saint-Denis, avait pour objectif, grâce à la lumière colorée, de transformer son édifice en Jérusalem céleste décrite dans l’apocalypse empli de pierres précieuses « Son éclat ressemblait à celui d’une pierre très précieuse, d’une pierre de jaspe transparente comme du cristal. » Le second choisit du verre brut constitué de motifs floraux ou géométriques. Cette fresque historique n’oublie pas le vitrail civil, particulièrement en vogue au XVIe et XIXe siècle.