Sur les traces de Madeleine Delbrêl

Devant la porte un massif de roses pâles rappelle que l’ancienne habitante des lieux aimait particulièrement ces fleurs. Les roses ont d’ailleurs été nommées en son honneur « Madeleine-Delbrêl ». Voilà l’un des nombreux moyens choisis par l’architecte François Destors pour rappeler la présence de celle que l’Église a déclarée Vénérable il y a quelques années. Sa maison du 11 rue Raspail à Ivry-sur-Seine (Diocèse de Créteil) a fait l’objet d’une rénovation complète. L’architecte et son équipe de scénographes ont travaillé pour rendre les lieux accessibles aux visiteurs mais surtout pour recréer une atmosphère propice au recueillement et à la découverte de la vie de Madeleine Delbrêl.

Vue de la maison de Madeleine Delbrêl depuis le jardin. (Gil Fornet/CDC)

Car celle qui fut assistante sociale de nombreuses années dans cette ville marxiste, véritable « terre de missions » comme elle l’indique dans un de ses ouvrages, a marqué les lieux de son empreinte. François Destors a donc travaillé pour « une mise en présence » tout en rendant Madeleine Delbrêl « contemporaine, au coude à coude avec un public, un visiteur, un pèlerin, un curieux.» explique-t-il.

[VOIR] Le projet de rénovation de la maison

Dans la chambre, « la pièce-mémoire», l’équipe de scénographes a reconstitué ce qui aurait pu être son quotidien : des lunettes, une cafetière, des livres posés sur une grande table. Une capeline bleue est suspendue dans un coin. Une immense vitre protège les lieux, le visiteur peut tout à la fois regarder et se recueillir dans une atmosphère paisible et sereine. Dans la pièce d’à côté, plusieurs extraits de lettres et de livres de Madeleine Delbrêl sont mis à la disposition des visiteurs. Car l’idée, c’est bien de faire découvrir la pensée et la spiritualité de cette femme du début du XX^e siècle. La visite se prolonge dans le jardin, où de petits kiosques en bois diffusent des extraits sonores de Madeleine Delbrêl.

Vue de la chambre de Madeleine Delbrêl. (Gil Fornet/CDC)

Cheminant entre les carrés de fleurs et de légumes potagers, on arrive au fond du jardin, là où se trouvait un atelier. Aujourd’hui un vaste bâtiment en bois, qui permet d’accueillir les groupes de visiteurs.

Une maison qui rassemble

« Elle avait déposé ses valises dans notre ville pour inventer une nouvelle manière de vivre sa foi » souligne Philippe Bouyssou, maire d’Ivry-sur-Seine lors de l’inauguration de la maison le 17 octobre 2020. « Nous ne pouvons que nous réjouir de compter parmi les personnalités de la ville, une personne reconnue comme vénérable, poursuit  le maire. Et je me tiens prêt à accueillir très vite les cérémonies marquants sa béatification. » Le terrain – propriété de la mairie – est mis à disposition des Amis de Madeleine Delbrêl et du diocèse de Créteil, qui ont assumé les travaux de mise en valeur.

Le maire, Philippe Bouyssou, inaugure la maison de Madeleine Delbrêl, la mairie est propriétaire du terrain. (Gil Fornet/CDC)

Après plusieurs mois de travaux, la maison ouvre à nouveau ses portes au public. En ce jour d’octobre, l’évêque et le maire sont à nouveau côte à côte, comme lors du lancement des travaux en juin 2019. « Pourquoi avoir rénové cette maison ? lance monseigneur Michel Santier, évêque émerite du diocèse de Créteil. Que va-t-il s’y vivre en continuité avec ce que Madeleine y a vécu ? » L’évêque donne déjà la réponse : cette maison est « une porte ouverte pour un temps de rencontre, de partage, d’approfondissement sur Madeleine. »

Avant de parcourir toutes les pièces du 11 rue Raspail, un rameau d’olivier à la main, pour bénir les lieux et ses occupants, Mgr Santier conclut : cette maison « rassemble chacun, croyant ou non, pèlerin de France ou d’ailleurs, visiteur d’un jour, autour d’un même lieu pour y vivre un peu de fraternité comme nous y invite le pape François dans dernière encyclique Fratelli Tutti. »

Bénédiction des lieux par Mgr Santier. (Gil Fornet/CDC)

L'inauguration en video