Ensemble, préservons le patrimoine religieux

Restaurer le clocher de Notre-Dame du Raincy (93)

Architecte Lacoste et Thieulin
Coût total 1 317 043€
Notre contribution 100 000€
Fin du chantier 31/03/2023

Un chantier nécessaire

Érigée il y a près d’un siècle au Raincy (93), l’église Notre-Dame-de-la-Consolation reste une source d’inspiration pour de nombreux architectes. C’est le cas de l’église Sainte-Agnès de Maisons-Alfort (94), bâtie par les Chantiers du Cardinal en 1932, mais aussi de l’église Sainte-Thérèse à Montmagny (95), élevée en 1927. Une chapelle qui la copie strictement a même été érigée en 1937 à Tokyo (Japon).

Aujourd’hui l’église du Raincy, classée Monument historique depuis 1966, a besoin de travaux. Le chantier se concentre sur le clocher porche. Pour ce projet, les Chantiers du Cardinal sont sollicités à hauteur de 100 000 euros.

La Sainte-Chapelle du béton armé

Le Corbusier l’avait surnommée «La Sainte Chapelle du béton armé». Notre-Dame du Raincy, édifiée d’avril 1922 à juin 1923, en raison d’un accroissement important de la population de la ville, est le premier lieu de culte réalisé en béton armé de toute l’histoire de l’architecture. Le chanoine Félix Nègre, curé de la paroisse de 1918 à 1952, choisit ce matériau peu coûteux en raison du maigre budget alloué au chantier. Deux frères et architectes, Auguste et Gustave Perret, se chargent de l’accomplissement du projet.

Bâtie en 1923, Notre-Dame-de-la-Consolation a servi de modèle à de nombreuses églises du XXe siècle. (Crédit Eglise ND du Raincy – Auguste Perret UFSE SAIF, 1923)

L’édifice s’inscrit dans la continuité des églises traditionnelles, avec un plan basilical à trois nefs et une tour-porche monumentale repérable de loin. Mais sa voûte, un fin voile de béton armé reposant sur d’immenses colonnes en béton parfaitement intégrées à la nef, est révolutionnaire. Les murs porteurs, ainsi libérés de leur mission, sont remplacés par de grands claustras vitrés – sorte de résilles en béton armé – dans lesquels sont placés des vitraux à motifs géométriques conçus par le maître-verrier Marguerite Huré. C’est l’une des premières fois que l’art abstrait est introduit dans le vitrail religieux ! Des vitraux figuratifs dessinés par Maurice Denis complètent le travail de l’artiste et laissent entrer des flots de lumière propices à la prière. Le mobilier liturgique est lui aussi exécuté en béton armé afin de créer une unité dans l’édifice.

[LIRE] Comment l’architecte Wandrille Thieulin travaille sur ce monument du patrimoine

Une église classée et un lieu de culte

Aussi célèbre soit-elle dans l’histoire de l’architecture religieuse du XXe siècle, l’église du Raincy n’en est pas moins d’abord un lieu de culte et une paroisse. «C’est assez mélangé, précise le P Nicolas Maine. Il y a des familles avec enfants et des personnes plus âgées. Nous avons une équipe de jeunes foyers pour échanger sur la vie de famille. En ce moment, des jeunes se préparent pour les JMJ à Lisbonne (Portugal). Il y a aussi des scouts et guides ainsi qu’un groupe de servants d’autel qui s’étoffe peu à peu. » La paroisse compte plusieurs groupes de prière et d’adoration. « Nous avons aussi un groupe biblique œcuménique avec la paroisse protestante du Raincy. »

Actuellement, l’église accueille environ 300 personnes chaque dimanche matin pour la messe. Des fidèles venus également des communes voisines : Gagny, Livry-Gargan, Pavillons-sous-Bois ou encore Villemomble. « Le Raincy est une petite ville, les gens vont à l’église proche de chez eux et ils ont de la chance, l’église la plus proche est un bijou d’architecture ! Il y a tout ici : l’architecture, les vitraux, l’orgue et l’organiste, les animateurs et une communauté. Je suis un curé comblé. »

Les vitraux de l’église Notre-Dame du Raincy sont réalisés par l’artiste Marguerite Huré. Maurice Denis a dessiné les cartons des vitraux figuratifs. (Crédit Eglise ND du Raincy – Auguste Perret UFSE SAIF, 1923)

Des fidèles qui se rendent à l’église comme n’importe quels autres fidèles partout en France, confirme Jean-François Raynaud. Pour ce paroissien et bénévole chargé de suivre la mise en route des travaux « ce qui fait l’attachement des fidèles à une paroisse, ce n’est pas l’aspect architectural de son église, c’est l’assemblée qui la constitue. »

Des paroissiens impliqués

Malgré tout, les paroissiens sont attachés à leur église et s’impliquent pour sa préservation. « Ils savent que c’est une église mère, la source originale: la première église en béton armé du monde. Elle a servi de modèle à toutes les autres. » rappelle le P Maine. Inspiré par le bâtiment dans lequel il célèbre, le curé participe également à l’accueil des visiteurs. « De nombreuses personnes viennent du monde entier, il y a une équipe de paroissiens formée pour les recevoir. » Pour rendre cela captivant et amusant, les visiteurs sont invités, par exemple, à chercher dans les vitraux le perroquet rouge, signature de Marguerite Huré.

Les murs porteurs sont remplacés par de grandes claustras vitrées. De fines colonnes de béton armé soutiennent l’édifice. Eglise ND du Raincy – Auguste Perret UFSE SAIF, 1923

Au-delà des visites, les paroissiens de Notre-Dame du Raincy s’attachent à faire connaître et rayonner leur église en France et dans le monde. L’association Restaurer organise ainsi des manifestations culturelles comme des expositions ou des concerts. Alors que les festivités du centenaire de construction se préparent déjà, il était donc temps de penser à restaurer le clocher.

Du béton armé en danger

«C’est la partie de l’église la plus exposée aux intempéries et la pollution a participé à l’accélération de la dégradation, détaille Jean-François Raynaud. Des diagnostics ont été réalisés il y a trois ans, le clocher ne va pas tomber mais il y a un risque de chute de pierres.» La carbonatation du béton, c’est-à-dire l’éclatement dû aux infiltrations d’eau et au vieillissement de la matière, met à nu les parties métalliques. Non seulement les morceaux de béton éclatent mais le métal est soumis à la corrosion. Une intervention est donc plus que nécessaire. «En  1923, les techniques étaient différentes, souligne Jean-François Raynaud. Des restaurations ont été entreprises dans les années 1980 et 1990, elles sont insuffisantes.»

Exemple de dégradation du béton sur le clocher de Notre-Dame du Raincy. (Église ND du Raincy – Auguste Perret UFSE SAIF, 1923)

Le bâtiment étant classé, le duo d’architectes Lacoste et Thieulin travaille en étroite collaboration avec les architectes des Monuments historiques et des Bâtiments de France. « Les morceaux de béton tombés seront remplacés par du béton neuf de même caractéristique, précise Jean-François Raynaud. Des tests seront réalisés avec les Bâtiments de France pour garder la même granulométrie et colorimétrie que la matière d’origine.»

Après l’installation de l’échafaudage, les entreprises pourront commencer le travail sur le clocher. Selon les conditions météo – «On ne peut pas restaurer du béton s’il fait très froid ou quand il pleut.»- le chantier s’achèvera à la fin de l’année 2022. D’ici là, l’église reste ouverte aux fidèles. C’était le souhait de la paroisse et du diocèse. Seuls les mariages seront célébrés dans une église voisine, «pour éviter la photo de mariage devant un échafaudage…»

 

La rénovation de l’église Notre-Dame du Raincy est réalisée avec les soutiens de la Mission Stéphane Bern, grâce notamment à l’organisation des jeux « MISSION PATRIMOINE » de la FRANÇAISE DES JEUX, de la Fondation du Patrimoine et le mécénat de GECINA.

Reportage video

Reportage video France 3 Ile-de-France

83 Av. de la Résistance, 93340 Le Raincy

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