Le café paroissial de Saint-Mandé : un lieu bien vivant

Construit en 2021, avec l’aide des Chantiers du Cardinal sur un ancien parking, entre l’église Notre-Dame de Saint-Mandé et le centre paroissial de la cité, à proximité d’une école primaire, d’un collège et d’un lycée, un café particulièrement original : la Canopée.

C’est un café paroissial et solidaire situé en plein centre de la commune de Saint-Mandé qui jouxte la ville de Paris. Mais il ne propose pas, contrairement à ce qu’on pourrait croire, des produits par principe bon marché pour une clientèle sans moyens. Il joue plutôt la carte de la qualité, du haut de gamme, des produits du terroir, des pâtisseries faites maison, avec pour objectif principal de dégager des bénéfices qui, eux, sont reversées à des œuvres.

Le lieu est ouvert tous les jours, sauf le dimanche et le lundi. Il est animé par deux salariées et une soixantaine de bénévoles, qui se répartissent les jours et les horaires d’ouverture comme les temps de préparation et d’entretien des espaces. Il ne constitue pourtant en rien une concurrence déloyale pour les cafés environnants. La Canopée, nonobstant ses charges salariales limitées, ne casse en effet pas les prix. Ses prix sont « normaux ». C’est qu’il s’agit d’obtenir des moyens supplémentaires pour la solidarité, notamment en direction des personnes démunies dont certaines campent dans le bois de Vincennes voisin. Grâce à l’activité du café, des douches ont pu être créées juste à côté en 2022. Un vestiaire a été organisé en 2023 pour distribuer des vêtements propres à ceux qui en ont besoin. Des repas sont aussi offerts chaque semaine sur une terrasse aménagée en 2024.

Un espace convivial et éco responsable

Le café se veut un espace convivial présentant une Église « ouverte » comme le relève le père Stéphane Huard, vicaire, sans prosélytisme insistant mais avec une vocation de solidarité, clairement affichée dès l’entrée.

Il n’est nullement réservé aux seuls croyants, insiste le vicaire. Il a été conçu comme un lieu d’échanges et de rencontres notamment entre l’Église et le monde et s’est inscrit d’emblée dans la démarche « Église verte » comme en témoigne le toit terrasse entouré de plantes.

Le café a pour objectif le zéro déchet et travaille avec des fournisseurs situés à moins de 100 km et qui partagent ses valeurs.

Moderne et ouvert

Et le succès est toujours au rendez-vous. C’est que l’état d’esprit, moderne et ouvert, des lieux plaît. Il contribue d’ailleurs au lien social de deux façons. En premier lieu, à l’intérieur du bar, au service en quelque sorte, c’est tout une équipe de bénévoles, d’âges et d’origines très différents- des jeunes qui donnent un peu de leur temps, des actifs et des retraités – qui s’active pour faire fonctionner le café, assurer les horaires quotidiens d’ouverture et préparer les petits plats. Devant le bar, du côté des consommateurs donc, attablés ou non, c’est aussi une population très variée qui défile : des jeunes des établissements d’enseignement environnants qui peuvent se retrouver là pour jouer au baby-foot, réviser au calme ou préparer leurs exposés ou leurs devoirs, des personnes qui travaillent dans le quartier ou des familles qui souhaitent profiter d’un moment de calme ou de détente, un espace pour les enfants ayant été aménagé côté cour, des poules dans le jardinet et des poissons rouges dans un petit bassin en terrasse pouvant aussi aiguiser leur curiosité.

Maï-An Lévy-Bruhl, une des salariés qui mène la barque, présente depuis le début du projet, n’a rien perdu de son enthousiasme pour faire vivre le café. Celui-ci bénéficie de son engagement et de son souci constant de perfection. Elle aimerait pouvoir utiliser davantage le food-truck pour essaimer mais c’est matériellement un peu compliqué. L’essentiel, c’est le café. Sa renommée dépasse désormais les frontières du quartier voire de la ville. Des musiciens le sollicite même pour se produire sur son estrade. Il arrive que les lieux soient privatisés, loués pour des événements particuliers, y compris en soirée ou le dimanche. Et un dimanche par mois, la Canopée accueille aussi un repas où chacun apporte des victuailles à partager. Elle participe ainsi pleinement à la vie locale, bien au-delà de la vie paroissiale.

On le voit, les fonds octroyés par les Chantiers du Cardinal dans ce projet à risques n’ont donc pas été perdus.

Stéphane Guy