
©Joséphine Day
Styliste et créateur inspiré, Jean-Charles de Castelbajac a décloisonné l’art de la mode, au fil de ses créations et de ses audaces.
Révélé à la cathosphère lors des JMJ de 1997, confirmé lors de la réouverture de Notre-Dame, il nous parle des églises, à âme et cœur ouverts, dans cette interview exclusive.

©Joséphine Day
Ma perception des églises au fil de ma vie, c’est d’abord une clairière dans une forêt. Là où la lumière intervient de manière spirituelle. Une église pour moi, c’est un lieu où j’ai rendez-vous avec ma communauté et avec Dieu. C’est un aparté, une oasis, un cénacle dans mon quotidien.
Je ressens la puissance spatio-temporelle des églises, leurs murs ont de la mémoire. Un peu, comme on le ressent de manière profane, dans un château-fort. J’ai une relation particulière avec la pierre des églises. Une relation sensible entre la pierre des murs et des statues, et le toucher de ma main. Dans chaque église, je trouve un signe, si je suis à l’écoute. Le sentiment d’un lieu où l’Invisible et le mystère sont omniprésents.
J’ai commencé à entrer dans une église de manière obligatoire, en pension, tous les matins et aujourd’hui, la vie me donne souvent rendez-vous dans une église. Ce qui est fascinant c’est que même dans son gigantisme, sa hauteur, on se sent protégé et emmitouflé dans la confiance.
Notre-Dame, bien sûr, ça a été mon refuge, dans les années 1970, lorsque jeune provincial, arrivé à Paris, je venais m’y retrouver et je m’y sentais bien. Elle a éveillé la bienveillance dans mon âme par sa beauté. Et puis il y a eu une succession de moments forts avec Notre-Dame.
J’ai été très ému lorsque Jean-Paul II a donné au trésor de Notre-Dame la chasuble que j’avais créée pour lui, en 1997 lors des JMJ, en m’inspirant de la chasuble de Saint-Louis. Elle est aujourd’hui une relique de 2e catégorie, Jean-Paul II étant devenu un Saint.
J’ai pleuré quand Notre-Dame a brûlé. Elle m’a encore appelé par l’intermédiaire de Mgr Ulrich et Mgr Ribadeau-Dumas pour la création des vêtements liturgiques portés par les 700 célébrants et la commande des 120 bannières des paroisses de Paris, pour les jours de la réouverture en décembre dernier et qui sont encore portés lors des grandes fêtes, faisant de Notre-Dame le vaisseau amiral de la foi… J’ai ainsi rejoint la grande famille des compagnons qui travaillent pour Notre-Dame.
Je voudrais créer l’église ou la chapelle des enfants, où parents et grands-parents les accompagnent. Une église où l’on aborde la foi de manière profonde mais aussi ludique et joyeuse. Cela peut les éloigner du « culte » digital qui a tant d’attraction. C’est mon rêve le plus cher, je cherche le lieu et les mécènes pour le réaliser. J’ai visité une petite église au Croisic qui m’a donné des idées. Il y aurait une Arche de Noé, des vitraux colorés et des fresques, comme un catéchisme imagé. Les petits livrets à colorier, à emporter à la maison, à conserver et rapporter à l’église.
Oui, l’église idéale à bâtir, aujourd’hui c’est l’église des enfants, pour l’Église de demain.