Ensemble, préservons le patrimoine religieux

Institut Pèlerin du Patrimoine : l’avenir des églises au cœur des préoccupations

L’Institut Pèlerin du Patrimoine a été officiellement lancé le 23 octobre 2019. Son objectif est de « Produire des outils et déployer des services à rendre aux acteurs et aux communautés humaines soucieuses de l’avenir de leur patrimoine et de sa valorisation pour le bien commun ». Le devenir des édifices religieux sera le premier sujet de réflexion du comité scientifique qui l’accompagne.

Le prolongement du Grand Prix Pèlerin du Patrimoine

Le logo de l'Institut Pèlerin du Patrimoine lancé le 23 octobre 2019.

Le logo de l’Institut Pèlerin du Patrimoine lancé le 23 octobre 2019.

L’Institut Pèlerin du Patrimoine « est le prolongement naturel de l’engagement de l’hebdomadaire en faveur du patrimoine commun des Français, et du patrimoine religieux en particulier », souligne son directeur Benoît de Sagazan. Le rédacteur en chef du Monde de la Bible poursuit « Cet engagement se nourrit d’une expérience menée depuis 30 ans, soit depuis la création du Grand Prix Pèlerin du Patrimoine en 1990 ».

Si les édifices en général sont concernés, l’avenir du patrimoine religieux est clairement à l’origine de la création de l’Institut. En atteste la constitution du conseil scientifique qui accompagnera les actions de l’organisme. Ce conseil est composé d’historiens de l’art et de l’architecture comme Jean-Michel Leniaud, son président, ancien directeur de l’École des Chartes, et d’experts du patrimoine religieux : journaliste, ingénieur, conservateur, liturgiste… Le magazine Le Pèlerin sera représenté par Catherine Lalanne, rédactrice en chef, et Anne-Claire Marion, directrice du marketing et du développement.

Le père Gilles Drouin, de l’Institut catholique de Paris, fait partie de ce comité scientifique. « Je suis très sensible à ce sujet de l’avenir des églises de par mes origines rurales. Il y a quelque temps, j’ai participé à la restauration de l’église de mon village de Méligny-le-Petit dans la Meuse. Ses 85 habitants ont réussi à réunir 380 000 €. Cela a été une très belle aventure ! ». Gilles Drouin fait partie des convaincus du maintien de l’ouverture de toutes les églises. Pour lui : « il faut sortir du dilemme du tout liturgique ou de la désacralisation ». Il est persuadé que d’autres activités que le culte peuvent s’y dérouler dans le respect des lieux. « En Italie, Sant’Egidio dresse des tables dans l’église du Trastevere pour les pauvres. Cela ne choque personne. » Le liturgique insiste sur la dimension ecclésiale plus que sur l’affectation : « Le sanctuaire est dévolu à la gloire de Dieu et au salut du monde ».

L'église de l'Invention-de-Saint-Étienne à Méligny-le-Petit (Meuse) a bénéficié d'une restauration d'un montant de 380 000 €.

L’église de l’Invention-de-Saint-Étienne à Méligny-le-Petit (Meuse) a bénéficié d’une restauration d’un montant de 380 000 €.

Monde urbain - monde rural

La diminution de la pratique et la désertification seront au cœur des préoccupations de ce comité. « Tous les services publics ont disparu des villages. Seules restent les églises ! » Gilles Drouin a confiance dans l’inventivité du Peuple pour accueillir chrétiennement les non-chrétiens. « La liturgie reste au cœur mais il ne faut pas oublier la dimension missionnaire des édifices religieux ».

42 258 églises et chapelles paroissiales (40 307 de propriété communale et 1951 de propriété diocésaines) ont été édifiées sur le territoire. Selon la loi de 1905, les églises communales font en effet l’objet d’une affectation « gratuite, exclusive et perpétuelle » au culte. « L’église doit rester prioritairement un lieu de culte. Dans le cas d’édifices sous employés, il est nécessaire de poursuivre la réflexion sur des solutions entre une affectation stricte et une désaffectation », souligne Benoît de Sagazan.

Ce problème de manque de pratique n’est pas sensible en région parisienne. Les églises sont pleines, voire nécessitent d’être agrandies comme cela a été le cas récemment pour l’église Sainte-Madeleine à Limeil-Brévannes (Val-de-Marne). Elles souffrent souvent par contre des outrages du temps et requièrent d’urgentes et coûteuses restaurations. En Île-de-France, 456 églises appartiennent aux huit associations diocésaines – et sont donc à leur charge sur les 1740 édifiées dans la région.

Pape François : « Un devoir de protection et de conservation »

Fin 2018, le pape François avait ainsi déclaré : « Les biens culturels sont aussi finalisés aux activités caritatives menées par la communauté ecclésiale » tout en soulignant « le devoir de protection et de conservation des biens de l’Église ». Il rappelait « qu’ils n’ont pas de valeur absolue mais qu’en cas de nécessité ils doivent servir au plus grand bien de l’être humain, et spécialement au service des pauvres », autant qu’à la liturgie ou qu’à l’évangélisation.

Dans le même article de La Croix, paru le 30 novembre 2018 après un colloque organisé avec le département de Meurthe-et-Moselle, on pouvait lire les propos de monseigneur Jean-Louis Papin, évêque de Nancy : « Vouloir maintenir sans discernement les très nombreuses églises communales sous le régime de la stricte affectation alors que nous ne pourrons pas en avoir un usage convenable, c’est condamner à la ruine une grande partie du patrimoine religieux car nombre de petites communes ne pourront pas ou ne voudront pas s’engager dans l’entretien d’un édifice aussi peu utilisé par les fidèles ».

Dans la suite logique du Grand Prix Pèlerin

Vitrail de l'église Saint-Paul à l'Haÿ-Les-Roses, dû à Jacques Colas-Guerin, peintre et à André Ripeau, maître-verrier. Sa restauration a bénéficié du prix restauration Chantiers du Cardinal dans le cadre du Grand Prix Pèlerin du patrimoine.

Vitrail de l’église Saint-Paul à l’Haÿ-Les-Roses (Val-de-Marne), dû à Jacques Colas-Guerin, peintre, et à André Ripeau, maître-verrier. Sa restauration a bénéficié du prix de restauration des Chantiers du Cardinal dans le cadre du Grand Prix Pèlerin du patrimoine.

Dans la droite ligne du Grand Prix Pèlerin du patrimoine « l’engagement de l’Institut répond à cinq motifs principaux », précise Benoît de Sagazan :

  • Créer du lien social et intergénérationnel. Il ne se passe pas une semaine en France sans création d’une association autour d’un édifice ou d’un ensemble de bâtiments historiques et culturels à sauver ;
  • Soutenir une activité économique, artisanale et solidaire. L’entretien du patrimoine nourrit des savoir-faire artisanaux, et mobilise des chantiers d’insertion et de réinsertion professionnelle ;
  • S’inscrire dans une logique de développement durable en prenant en compte la durabilité d’un bâtiment, en lui réinventant parfois une seconde vie, et son inscription dans un paysage dont il devient indissociable ;
  • Créer un levier politique pour le bien commun, facteur de cohésion sociale et d’intégration de populations nouvellement arrivées dans un territoire ;
  • Être un puissant vecteur de transmission d’histoires, de cultures, de spiritualités.

Agir avec le soutien de partenaires mécènes

Quatre types d’actions distinctes mais liées entre elles seront menées par l’Institut :

  • L’animation d’un grand prix de mécénat via Le Grand Prix Pèlerin du patrimoine, avec le soutien de ses partenaires mécènes, dont font partie les Chantiers du Cardinal.
  • Des formations payantes proposées aux élus locaux, fonctionnaires territoriaux, responsables d’associations de sauvegarde du patrimoine, représentants de l’affectataire… pour apporter des connaissances et des outils pratiques à la conduite d’un programme de restauration d’un édifice patrimonial ou d’une œuvre d’art, ainsi qu’à leur valorisation et leur animation. Cette formation sera dispensée par des professionnels en association avec un établissement reconnu. Le nom de l’École de Chaillot a été évoqué.
  • La médiation pour travailler sur un avenir pérenne des édifices, notamment cultuels dont les usages traditionnels sont remis en cause par la baisse des vocations sacerdotales et les mutations profondes de la pratique religieuse dominicale.
  • L’édition et la production de documents et outils au service de la formation et de la valorisation du patrimoine.

Pour contacter l’Institut Pèlerin du Patrimoine, cliquez ici

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