À Gonesse (95), l’église Saint-François d’Assise prend l’eau. Des travaux de rénovation sur la toiture sont entrepris à l’automne 2022 pour la rendre étanche et canaliser les eaux pluviales s’écoulant sur ce toit en forme d’entonnoir. Véritable repère dans le quartier, cette église de la ville de Gonesse (26 000 habitants) peut accueillir jusqu’à 300 fidèles lors des grands rassemblements paroissiaux. Pour ce chantier nécessaire à la bonne conservation du bâtiment, la paroisse et le diocèse de Pontoise sollicitent l’aide des Chantiers du Cardinal à hauteur de 100 000 euros, soit la moitié du coût des travaux (190 000 euros). La livraison est prévue pour le début de l’année 2023.
L’église Saint-François d’Assise (Gonesse) est implantée au cœur d’un quartier d’habitation. Ici en travaux en novembre 2022. (CDC)
Une église de village en pleine ville
Malgré son allure futuriste, l’église Saint-François d’Assise à Gonesse (95) ressemble à une église de village. Elle est bâtie sur une place, entourée d’habitations, de commerces et de services publics. Mais dans cette ville de la banlieue parisienne, les immeubles remplacent les petites maisons, les centres commerciaux font office d’échoppes à côté des services annexes de la mairie et autres espaces socio-culturels. Sur la place Marc Sangnier, le passant fait le tour aisément de l’édifice religieux : l’église est ronde. Un clocher en béton signale la présence du Christ au cœur de ce quartier de la Fauconnière, sorti de terre au début des années 1960 pour répondre à l’extension de la ville et la croissance de la population. « L’église Saint-François a été bâtie en même temps que le quartier » confirme le père François-Désiré Noah, l’un des trois pères pallotins installés dans cette paroisse. En 1963, le secteur érigé en paroisse par Mgr Alexandre Renard*, évêque du diocèse de Versailles, se voit doté d’une église neuve pour remplacer la chapelle dédiée à Saint-Vincent-de-Paul.
Vue intérieure de l’église Saint-François d’Assise à Gonesse, au cours du chantier de rénovation de la toiture. (CDC)
Pour cette église moderne, Olivier Caplain, l’architecte de l’époque qui participe à la création du quartier, fait poser sur une charpente en bois, une série de pans de toits formant un parapluie renversé. Les noues (les points bas) et les arêtiers (les points haut) du toit se repèrent de loin. Mais aujourd’hui, ce qui fait la caractéristique architecturale de l’édifice en fait sa faiblesse : l’eau s’accumule sur le toit et a bien du mal à s’écouler par l’unique voie d’évacuation centrale. Par mauvais temps, l’eau déborde et coule le long du pilier central dans la nef de l’église, à quelques centimètres de câbles électriques. Au sol, les flaques d’eau s’agrandissent, il faut condamner certains bancs pour éviter aux fidèles de se mouiller les pieds pendant les offices. Le toit de l’église n’était plus étanche, il était temps d’intervenir !
*À l’époque le diocèse de Versailles recouvre également le département de Seine-et-Oise avant la création des nouveaux diocèses d’Île-de-France en 1966, dont celui de Pontoise.
Évacuer l'eau du ciel
Rendre les toits des églises étanches, c’est l’un des défis du diocèse de Pontoise. Propriétaire de nombreux édifices religieux bâtis bien après 1905, le diocèse doit en assurer l’entretien. Or « Pontoise est l’un des diocèses d’Île-de-France avec un budget sans doute le plus contraint » souligne Hervé Roche, économe depuis 2020. « Nous réfléchissons donc à bien prioriser les chantiers en fonction de l’urgence des travaux, tout en menant également une campagne de prévention sur l’ensemble des bâtiments (églises, presbytères, locaux paroissiaux…). » À Gonesse, il était temps d’intervenir sur la toiture pour éviter une dégradation plus importante encore et une facture bien plus lourde. « Plus on traite un problème tôt, moins cela va coûter. » analyse encore Hervé Roche qui garde en tête les autres chantiers – et budgets- à engager pour des travaux importants dans le diocèse.
Mais l’allure de cette église, sa conception et la forme du toit n’ont pas rendu la tâche facile. Avant de faire monter les étancheurs [ouvriers chargés de poser la nouvelle membrane] sur le toit, la paroisse et le diocèse de Pontoise ont dû se livrer à des analyses poussées pour comprendre les failles et trouver la meilleure solution technique. « À l’origine, sur cette toiture, il n’y avait pas de pare-vapeur, explique Olivier Bardonnet, responsable du pôle immobilier du diocèse. Le pare-vapeur, c’est le film plastique posé sous la toiture et qui retient la condensation. Cette eau ne parvenait pas à s’écouler par le conduit d’origine, provoquant des fuites. » En cas de fortes précipitations, le toit en forme d’entonnoir retenait aussi une partie de l’eau qui ne parvient pas à s’évacuer par le seul conduit installé dans les années 1960. « Il faut deux autres évacuations, d’un diamètre plus petit, qui renverront les eaux pluviales vers le réseau. »
Sur le toit de l’église. À droite : la nouvelle membrane étanche. À gauche en bas et en vert, les plaques de cuivre d’origine. (CDC)
Après plusieurs semaines d’études, les travaux ont commencé à l’automne 2022, il faut parfois composer avec la météo. Mohamed Terbeche reste philosophe. « Quand il faut beau, on enlève les travées et on refait tout dans la journée, explique le conducteur de travaux. Quand il fait moins beau, on ôte les plaques de cuivre mais on ne pose pas l’isolant pour éviter qu’il soit mouillé. On met une bâche et on attend. Le mauvais temps ne dure jamais plus de deux jours…» Perché à plusieurs dizaines de mètres de hauteur avec son équipe d’ouvriers, le chef de chantier a le temps de regarder la toiture avec attention. « D’habitude, le travail réalisé par des étancheurs ne se voit pas alors même que les gars travaillent très, très dur ! Mais ici, le toit n’est pas plat, ils peuvent être fiers de ce qu’ils font, c’est parlant. On peut même la prendre en photo cette toiture. »
Le chantier est réalisé en quelques mois : les ouvriers ôtent les anciennes couvertures et posent la membrane dans la journée quand le temps est sec. (CDC)
La paroisse dynamisée par le chantier
De temps en temps, le père Noah emprunte lui aussi les échelles des échafaudages pour se hisser sur le toit de son église, « quand les ouvriers me le permettent ». Il vient les saluer, échanger sur l’avancée du chantier et profiter de la vue. Une fois redescendu, il partage les nouvelles avec les paroissiens. « Nous les avions préparés aux travaux dès qu’on a initié le dossier, explique le curé de la paroisse. Et tous attendaient le début du chantier avec impatience. Ils seront heureux de retrouver leur église toute pimpante. » Dans cette paroisse « multiculturelle », la messe du dimanche est bien fréquentée et « tout le monde est mélangé. »
Une fois que Saint-François a été entouré d’échafaudages, les paroissiens ont réalisé que le projet devenait concret. « J’ai pu admirer l’apport de chacun, poursuit le père Noah. Et pas seulement par la souscription individuelle. Ainsi, une équipe de jeunes s’est regroupée dans une association pour collecter des fonds destinés aux travaux. » Le curé estime que cet élan porté par la jeunesse dans sa communauté pourrait bien faire des émules et lancer de nouvelles initiatives pastorales. « Il y a des gens qui vont emboiter le pas à ces jeunes. »
Valérie-Anne Maitre
Détail des travaux
Enlèvement de la première couverture
Pose d’un isolant et d’un pare-vapeur
Pose d’une membrane étanche neuve
Installation de nouveaux conduits d’évacuation d’eaux pluviales
Sous la nouvelle membrane étanche, de larges plaques de laine de verre rendent le bâtiment mieux isolé. Eglise St-François d'Assise à Gonesse, novembre 2022. (CDC)
Le chantier est réalisé en quelques mois : les ouvriers ôtent les anciennes couvertures en cuivre et posent la nouvelle membrane étanche. Eglise St-François d'Assise, Gonesse. (CDC)
Au centre de la toiture en parapluie, les eaux de pluie débordent du système d'évacuation. Les travaux sont nécessaires. Eglise St-François d'Assise, novembre 2022. (CDC)
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Par temps de pluie, l'eau rentre dans l'église par le toit... Eglise St-François d'Assise à Gonesse, avant travaux. Novembre 2022. (CDC)
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